christophe
Artiste Plasticien et émailleur né à Bordeaux en 1967, Christophe Mirande vit et travaille à Paris depuis une quinzaine d’années.
Après une première vie dans le monde des lettres, il décide de se consacrer pleinement à son travail de plasticien en 2005.
Profondément marquées par la littérature, ses œuvres portent en elles les traces de ses auteurs fétiches : Hermann Hesse, Yasunari Kawabata, Thomas Bernhard ou encore, Haruki Murakami.
De multiples voyages à l’étranger, à Madagascar notamment, seront pour lui essentiels dans son rapport à la matière. La sensibilité de son approche créatrice s’accorde avec la fragilité et la beauté d’un monde à redécouvrir.
L’émaillage sur cuivre, pratiqué auparavant par son père, Raymond Mirande, est encore aujourd’hui prépondérant dans sa démarche artistique.
Très tôt il participe à de nombreux salons et expositions en France comme à l’étranger : Etats-Unis, Japon, Lituanie, Espagne, Chili, Ukraine...
Bien que ses créations mêlent aujourd’hui d’autres matières comme l’ardoise, le zinc ou le bitume, l’émail sur métal est essentiel à son approche de plasticien.
Le cœur de son travail tourne autour du feu et ses ambivalences ; le feu qui réchauffe et le feu qui brûle. Le feu comme symbole et recherche de pureté, de perfection et d'idéal, dans un monde géométrique, rationnel, et humain.
Créer avec de l’émail, c’est avant tout s’approprier une matière exceptionnelle. Proche du cristal par sa brillance, l’émail doit aux cuissons successives dans un four à 900° l’intensité de ses couleurs, leur velouté et leur durabilité.
J'emploie dans mes créations l’émail « bijoutier ». Reconnu pour sa pureté, il est utilisé par les orfèvres et les joailliers, sur cuivre, argent ou or.
Mon approche est toutefois singulière : j'ai choisi le travailler et de le révéler sur de grandes surfaces, souvent monochromes, équilibrées, et découpées géométriquement.
Les couleurs privilégiées sont extraites de mon arc en ciel personnel : une palette épurée de couleurs franches, immédiates, et puissantes. Le rouge, le vert, le bleu, le violet, ainsi qu’un émail jaune d’or particulièrement intense et riche en nuances. Sans oublier le noir profond, la pureté du blanc, les nuances subtiles de gris mat...
Privilégier l'émail transparent est pour moi une évidence. Comme elle le ferait avec un vitrail, la lumière traverse la couche d’émail. Elle joue avec les aspérités du métal, le lisse et le brillant, le rugueux et le mat. Elle révèle les aspects cachés ; gravures du cuivre, oxydations, nuances subtiles de colorations. Le regard caresse cette surface, s’enfonce dans les parties transparentes, cherche les reliefs, joue avec les matières apparentes.
Le cuivre, métal de prédilection par sa capacité à diffuser ses oxydes sous l’effet de l’émail en fusion, est toujours présent dans mes œuvres : vivant sous la transparence, il souligne et contourne subtilement les parties émaillées.
Venant souligner l’incandescence de l’émail, l’ardoise et le zinc ont été mêlées aux œuvres récentes. Ces nouveaux matériaux, oxydés et marqués par le temps, patinés et cirés, apportent une profondeur supplémentaire à la lumière de l’émail.
La co-existence de ces différentes matières, par leur beauté propre et leurs infinies nuances naturelles, accompagne parfaitement mon dessein artistique : appréhender le monde qui nous entoure avec attention et délicatesse.
Croix glorieuse, Cathédrale de Bordeaux
FINALISTE CONCOURS ATELIERS D'ART DE FRANCE 2020
Exposition Croix II et photographies au musée de la toile de Jouy
Firelandscape
PRIX DU JURY PEINTURE 2019
Parc Floral de Paris , Vincennes
Interstices - 20x15 cm (x5)
NEW IDEAS IN ENAMEL ART AWARD 2011
IV international biennale of enamel, Galerie Menonisa, Vilnius/Lituanie
Yin et Yang - 20x15 cm (x2)
GLASS ON METAL AWARD 2010
10th international juried enamel exhibition, Galerie Lireille, Oakland/Etats-Unis
En rentrant dans l’univers artistique de Christophe Mirande, le visiteur conçoit ce que le mot création implique. Loin d’un art signifiant et démonstratif, chez Christophe Mirande, l’émail invite à un dialogue fait d’échanges ouverts à la suggestion et aux figurations de l’imaginaire de chacun.
Un art généreux où l’artiste n’impose pas sa présence en saturant le support de signes fermés mais, au contraire, un espace offert aux regards les plus contrastés. Cet échange spontanément induit par la contemplation des œuvres s’inscrit dans un dialogue de l’intime où l’« Alchimie Mirande » -magnifique titre de l’exposition- condense avec force les projections artistiques.
En donnant à voir un jeu subtil de résonances entre les pièces du père et celles du fils, avec ce que chacune évoque de l’univers de l’un pour mettre en perspective celui de l’autre, l’émail révèle sa nature lumineuse. Il établit de fines correspondances à la fois matérielles, chromatiques et sensorielles.
À l’image du feu qui le modèle, l’émail révèle une matière insaisissable, indomptable, à laquelle l’artiste se soumet avec humilité sans jamais chercher à la dominer. Le procédé chimique ordonne le tableau, en sculptant selon une logique insoupçonnée : il serait vain d’y guetter le geste d’énonciation au détour des lignes, et des volutes polychromes, dans les épaisseurs et la densité de la matière, dans les jeux de variations de la lumière. L’alchimie opère en taillant dans la matière elle-même et hors de son champ d’action, en stimulant l’œil et ses constructions mentales.
Au-delà de la spectaculaire beauté plastique, d’aucuns y verront une dimension spirituelle, d’autres une dimension religieuse, d’autres encore une célébration paroxystique de la couleur. Pas de mot d’ordre là non plus. La liberté créatrice s’invite par effet spéculaire dans la liberté de réception. Malgré leurs singularités, ces artefacts ne s’affranchissent pas du temps, ils pérennisent une conception artistique occidentale où, progressivement, l’artiste s’est affranchi des injonctions mimétiques, en optant pour des représentations fondées sur davantage d’abstraction. De Van der Weyden à Rothko en passant par Soulages, les aplats de couleurs vives proposent une plongée dans les profondeurs des compositions visuelles, toujours en quête de plus de lumière.
Ainsi l’artiste émailleur est-il ici à la fois passeur et révélateur, dépositaire et découvreur. De l’accident, il explore, il compose, en organisant des mosaïques ; de l’intempestif, jaillit une narration nouvelle, exclusive à l’objet pluriel. L’arc-en-ciel à huit rais, au centre de l’exposition, fait chanter ses couleurs dans un concert silencieux.
En son coeur, le zinc, comme une césure visuelle. De sa matière opaque et rugueuse, le métal impose un nouvel ordonnancement, inscrit dans le temps long et dans l’écorce terrestre. Ses lignes marquent les contours et les limites telle une lave incandescente. C’est dans les forces telluriques que l’émail chatoie et projette son puissant éclat. Pour notre plus grand plaisir, la matière et le feu redessinent ensemble, dans l’expérience renouvelée de l’Alchimie, une cartographie du sensible.
Sarah Voinier - Université d’Artois, 2017
L’artiste a le talent de nous faire ressentir des émotions et des sensations. Certains possèdent même le don de nous faire vibrer sur le plan physique et émotionnel.
Christophe Mirande fait partie de ces élus.
La puissance qui jaillit de ses œuvres nous invite au voyage, à l’initiation.
Ma rencontre avec les œuvres de Christophe Mirande, ne faisait aucun doute, dès lors il fallait que je présente son travail au public Bordelais.
Matière exceptionnelle, l’émail d'orfèvre irradie de luminosité et de profondeur. Christophe sait, avec audace, opposer force et fragilité.
Comme l’équilibre fragile de la vie, ces œuvres ramènent à l’essentiel. Bien souvent, un deuxième regard est nécessaire pour capter le détail heureux. Celui-ci caresse la surface à l’aspect velouté. L’union du zinc et de l’ardoise confère aux œuvres de Christophe une modernité atemporelle.
Matière minérale issue de la terre et du feu, l’ardoise et l’émail s’allient en douceur pour mieux se confronter dans l’opacité et la transparence. Certains y verront des paysages abstraits emprunts de sérénité, d’autres des œuvres à variables géométriques qui rythment l’œuvre au gré des ressentis, mais lorsque l’ardoise et le zinc s’unissent pour intensifier la transparence de l’émail, c’est un nouveau voyage qui nous est proposé par l’artiste.
Ce qu’il y a de très particulier dans le travail de Christophe Mirande au-delà de la maîtrise technique et de la noblesse des matériaux, c’est cette capacité qu’il vous offre à vous perdre dans les abysses de l’émail. Matière vivante qui oscille aux lumières du jour, l’œuvre se transforme sous nos yeux ébahis. Les bleus se transcendent, les orangés explosent, les rouges s’intensifient comme pour nous témoigner de leur existence, de leur vie, et nous obliger à ne plus les quitter des yeux.
Si vous écoutez l’artiste vous parler de ses œuvres il vous transportera au fin fond de son atelier et, captivé par ses mots et sa passion, il vous invitera à découvrir quelques secrets de ce matériau si peu connu dans le domaine de l’art contemporain, et pourtant si riche.
Sabine Labregere - Galerie Bouillon d’art, Bordeaux 2017
Dans le petit atelier lumineux de Montmartre, Christophe Mirande enfourne une plaque de cuivre très soigneusement recouverte de poudre jaune, d’un geste précis et calme. Le four rougeoie à 850 degrés. Par l’alchimie du feu et du pigment, il ressort une plaque incandescente, d’un jaune tigré de brun, qui, au gré de l’artiste et de cuissons successives, deviendra jaune plus clair, plus flamboyante ou plus brillante. C’est ainsi que prennent naissance ces plaques rouges, bleues, vertes… qui seront assemblées au gré de l’imagination de l’artiste.
Ces couleurs jailliront parfois comme la lave d’un volcan, ou s’uniront dans le calme.
Une feuille d’or ou d’argent, des pâtes de verre transparentes ou encore des cendres grises ou noires de calamine incorporées à l’émail ajouteront à cet élément de la lumière, du mystère et de la poésie. Parfois, au gré d’un rai de lumière ou en s’approchant de la pièce, un fil sinueux ou rectiligne trace son chemin dans l’émail ou sous la transparence vitreuse de celui-ci, ajoutant encore au mystère de la couleur.
Cet éclat lumineux entre fortement en contraste avec le zinc, matériau issu de la terre, neuf et brillant, gris et mat, parfois noir et lustré, livré à l’état brut, ou abîmé par de multiples saisons passées sur un toit et dont les oxydations révèlent des paysages infinis aux grisailles évocatrices.
Le métal pourra être bordé de fines dentelles ou de déchirures au travers desquelles l’émail coloré apparaîtra mystérieusement, comme dévoilé par un rideau qui s’entrouvre.
Les contrastes sont saisissants mais jamais violents – lumière et ténèbres, brillance et matité, dureté non apparente de l’émail et dureté apparente du zinc. Ils alimentent notre imaginaire et renforcent les sensations que nous éprouvons en face de ses créations.
Les pièces de Christophe Mirande appellent à la caresse, douceur de l’émail, fragilité de la feuille d’or ou d’argent, mais aussi rugosité des cendres, coupure du métal, aspérités légères de la gravure ; mais, toujours la douceur domine.
L’artiste travaille seul, concentré. Son geste est mesuré, précis. L’environnement du four est une zone dangereuse. Il dit « martyriser » ses plaques ce qui ne l’empêche pas de les caresser pour enlever des cendres inopportunes. Il dit aussi « travailler parfois comme un forgeron » sur son tas de carrossier… Sa liberté est de laisser la matière s’exprimer tout en la contrôlant.
Grâce à l’alchimie du feu et de la matière, par la maîtrise de son art en perpétuelle évolution, Christophe Mirande nous ouvre des univers fantastiques et poétiques éclairés par une douce lumière intérieure laissant en nous une impression d’équilibre et d’harmonie avec le monde.
Françoise Kahn - Paris, 2017
De la littérature à l'émail sur métal, rien ne laissait prévoir que Christophe Mirande, diplômé de Lettres et auteur, soit aujourd'hui artiste plasticien à plein temps.
Avec un beau parcours d'expositions à l'étranger (Etats-Unis, Japon...), il ne se situe toutefois ni dans l'artisanat d'art ni dans la décoration, mais bien dans l'art contemporain. Il suit son chemin en solitaire, hors des sentiers battus, dédaignant la tentation de la couleur.
Son travail repose essentiellement sur le monochrome, qui lui permet de sublimer la beauté de la matière sous ses aspects les moins connus, plutôt que de raconter des histoires ou de réaliser des séries.
Ce chercheur, qui élabore ses pièces uniques avec une rigueur et une exigence exceptionnelle, travaille actuellement sur le concept du mur dans ses dimensions plastiques et symboliques.
Brigitte Camus, critique d'art - Paris, 2010