christophe
"l'Incandescence et la Ligne"
Raymond et Christophe Mirande
Centre d'art contemporain / Château Lescombes
Eysines
17 octobre - 29 décembre 2024
Christophe Mirande sera présent le samedi 23 novembre à 15h30
et le samedi 7 décembre à 15h30
pour une visite commentée de l'exposition.
C’était le 17 octobre en début de soirée, je présentais en quelques mots la partie de l’exposition consacrée à mon travail.
Étaient présents Pierre Brana, ancien député maire de la ville d’Eysines, et commissaire de cette exposition, Olivier Julien, adjoint à la culture, et Véronique Mirande, ma sœur, qui présentait de son côté la partie consacrée à mon père.
« Madame la Maire, Pierre, mesdames et messieurs, chers amis,
Beaucoup de choses ont été très bien dites déjà, je vais donc essayer d’aller à l’essentiel.
Avant tout je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont participé à la mise en place de cette double exposition, toutes les personnes qui de près ou de loin, jusqu’au bout, se sont mobilisées avec efficacité et légèreté . Je ne les remercierai jamais assez !
Je souhaite également vous faire part de l’immense satisfaction qui est en moi aujourd’hui.
Merci Pierre de m’avoir invité à exposer ici, dans ce château girondin réagensé en coque de bateau immaculée, au bastingage blanc, dans ce lieu imaginé par Marcel, mon oncle architecte. Exposer en un tel lieu, conçu pour accueillir les artistes peintres et les plasticiens, est un beau cadeau qui m’a été fait.
Pierre, tu avais imaginé également que cette exposition se ferait en bonne compagnie, celle de mon père, celle de Raymond ; une réunion de famille exceptionnelle en quelque sorte, et une belle aventure humaine tout simplement.
J’expose donc ici, ce soir, en conscience, et avec une certaine émotion ; l’histoire familiale joue pour moi, le défi à relever n’en est que plus grand.
Ce soir je vous présente une soixantaine de pièces.
Lors de la préparation de l’exposition, j’ai été conduit à solliciter un certain nombre de collectionneurs afin qu’ils acceptent de me confier quelques œuvres qui comptent pour moi. Au final une dizaine d’œuvres présentées ici appartiennent à des collections privées. Je profite de cette prise de parole pour les remercier chaleureusement de leur confiance.
Plutôt que de parler de rétrospective de mon travail je parlerais ici de parcours à travers une vingtaine d’années de cheminement artistique ; la part laissée aux œuvres les plus récentes est cependant la plus importante.
Lorsque j’ai commencé à créer avec de l’émail sur métal, mes réalisations étaient volontiers japonisantes. Elles avaient été nourries durant de nombreuses années par la lecture de mes auteurs favoris : kawabata, Tanizaki, Inouhé, Murakami, et d’autres.
En ce qui concerne mes œuvres actuelle je parlerais d’influences sans doute moins littéraires, mais plus en rapport immédiat avec mon activité d’artiste plasticien : entre Pierre Soulages et Anselm Kiefer mon cœur balance.
L’élément Feu a une place primordiale, de même que les formes géométriques, reflets d’un monde rationnel et mental.
Élément Feu et formes géométriques portent une même ambivalence : le feu calcine et purifie à la fois, réchauffe et brûle. Quant aux formes géométriques, telles les murs ou les fenêtres, on peut y voir à la fois protection et enfermement.
Les matières employées sont dures, elles se nourrissent et s’enrichissent de leurs contrastes : l’ardoise rugueuse et sombre cohabite avec l’émail doux et lisse, le zinc mat et oxydé avec l’émail sophistiqué et lumineux.
La cohabitation de ces matières, taillées pour défier le temps, mais à la compatibilité esthétique inhabituelle, engendre équilibre et déséquilibre au sein d’une même œuvre ; si de la matière sombre et brute jaillit une œuvre de lumière raffinée, de la laideur jaillira la beauté…
Enfin je dirais que mon travail parle de l’impermanence de toute chose, évoque cette fragilité essentielle du monde source de rêve, d’idéal, et d’aspiration à l’éternité. Mes œuvres renvoient le spectateur à lui-même, à cette part d’intériorité et de contemplation qu’il accepte, ou non, de s’accorder. C’est peut-être, finalement, ce rapport au spirituel qui est en question dans la plupart de mes œuvres.
Spiritualité et émail sur cuivre : voilà ce qui me rapproche le plus de mon père. Pour le reste, mon travail n’emprunte pas tout à fait les mêmes chemins.
Lorsque j’étais enfant j’accompagnais régulièrement mon père dans ses expositions. Et avec le temps j’ai découvert ainsi, dans ses tableaux, ce qui allait faire partie, plus tard, de mon arc en ciel personnel. La question pour moi n’a jamais été de me démarquer à tout prix. Ni même de prolonger de quelque manière que ce soit son travail.
La seule question a été d’utiliser dans mes créations l’émail sur métal de telle façon qu’il ne ressemble qu’à moi.
Comme nous pouvons le voir dans cette exposition, mon père était d’abord un dessinateur ; l’émail, le vitrail, venaient ensuite.
En ce qui me concerne j’ai envie de dire que c’est l’inverse, c’est la matière qui me guide, qui me porte, qui m’entraîne là où je dois aller. Et je fais volontiers mienne cette citation de Pierre Soulages : « c’est ce que je fais qui m’apprends ce que je cherche ».
Voilà, j’en ai terminé.
A travers ces quelques grilles de lecture de mon travail, tracées rapidement ainsi, et sans doute discutables sur bien des points, je vous propose maintenant d’aller vous faire votre propre opinion. Merci de m’avoir écouté. »
CM. Eysines, château Lescombes, oct. 2024
Appel aux personnes présentes dans l’assistance ce soir là : vous êtes nombreuses à avoir filmé durant les différents discours, je serais heureux si vous pouviez m’en procurer des copies, mêmes partielles… Merci d’avance !